Portraits de femmes militantes


Du 24 novembre 2015 au 19 janvier 2016, le jeune chercheur haïtien Ricarson DORCE était au Canada en vue de participer à une série d’activités culturelles de promotion et de vulgarisation organisée autour de l’ouvrage collectif « Haïtiennes. Portraits de femmes militantes » qu’il a coordonné avec la jeune chercheure québécoise Emilie TREMBLAY. Il a répondu à quelques questions du journal. Le Nouvelliste : Ricarson DORCE, parlez-nous un peu de ce projet d’écriture collective que vous avez dirigé ! Ricarson DORCE : Ce livre réunissant 15 portraits de femmes haïtiennes est une initiative citoyenne réalisée par des hommes et des femmes de toutes générations confondues, issu (es) notamment d’Haïti, de Canada et de France. Publié à Québec aux éditions science et bien commun (décembre 2015), ce texte collectif a déjà bénéficié d’un accueil très chaleureux au niveau du Canada français. Je compte organiser un ensemble d’activités en vue de promouvoir le livre en Haïti. En espérant trouver des financements qu’il faut, je compte même le distribuer gratuitement au profit des écoliers haïtiens. L.N : Qu’est-ce qui pourrait justifier une telle initiative ? R.D : Malheureusement, bon nombre de nos femmes haïtiennes, en dépit de leur implication, de leur courage et de leur détermination, sont tombées dans l’oubli. C’est pour contrer cet oubli que ce livre collaboratif présente les portraits de femmes haïtiennes qui ont contribué, chacune à sa manière, à construire Haïti. L.N : Quelles sont les figures haïtiennes qui sont mises en valeur dans l’ouvrage ? R.D : Dans le livre, sont mises en exergue des figures haïtiennes des droits humains : Liliane Pierre-Paul, Ertha Pascal Trouillot, Collette Lespinasse, Marie-Laurence Jocelyn Lassègue. Des femmes de courage pendant la révolution haïtienne : Catherine Flon, Marie-Claire Heureuse. Des femmes scientifiques : Yvonne Sylvain, Suzy Castor, Michèle Duvivier Pierre-Louis, Mireille Neptune Anglade, Madeleine Sylvain-Bouchereau, Yvette Bonny. Des figures féminines dans le domaine des arts et des lettres : Mona Guérin, Mimi Barthelemy, Marie Alice Théard. L.N : Pour réaliser cet ouvrage collectif, comment avez-vous procédé ? R.D : On était une petite équipe à mobiliser les auteur (e)s pour écrire les portraits. Je suis très reconnaissant à l’égard de Florence Piron, prof à l’Université Laval qui a préfacé le livre. Cette phrase résume bien sa préface que j’aime beaucoup : « Rendre visibles et immortaliser des femmes qui ont contribué ou qui contribuent à construire Haïti et à lutter pour son mieux-être, c’est déjà un geste fort. Rassembler non seulement des femmes, mais aussi des hommes pour leur rendre hommage, c’est puissant. » Par ailleurs, je suis également reconnaissant envers Emilie TREMBLAY qui a postfacé et coordonné avec moi le livre. J’étais très ému par la position qu’elle a adoptée dans la postface : « …je n’avais pas vraiment d’image d’Haïti autre que ce que les médias québécois et canadiens rapportent et qui concerne la plupart du temps la pauvreté, la criminalité, la situation politique, les années de dictature, la corruption, les catastrophes naturelles… Les portraits présentés dans le livre montrent justement d’autres facettes d’Haïti : l’engagement, le courage, le travail et la détermination de nombreuses femmes...» L.N : D’après vous, qu’est-ce qui peut expliquer la domination masculine dans le contexte haïtien ? Comment peut-on y remédier ? R.D : Les structures sociales, culturelles, économiques, historiques, politiques, religieuses et tous les autres appareils idéologiques renforcent la domination masculine dans le contexte haïtien. Je pense qu’il faut sans cesse encourager dans le pays beaucoup d’initiatives qui mettent en valeur les femmes, car jamais on ne pourra concevoir une société émancipée, en dehors de l’émancipation des femmes et des hommes qui la composent.



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